Chez Tarkett, le développement durable fait partie intégrante de notre vision d'entreprise. De plus en plus, il nous faut réfléchir à la façon dont nous concevons, produisons et livrons nos produits. C'est pourquoi Tarkett aime travailler avec des agences qui, comme nous, mettent l'accent sur la conception durable et créative. Cela a notamment débouché sur une collaboration avec Champels Creative Hospitality, de laquelle sont déjà nés quelques beaux projets durables. Champels désire faire évoluer l'industrie hôtelière vers une plus grande responsabilité écologique et sociale. Dans cet entretien avec John Gabriel Martin, découvrez la méthodologie de Champels et leurs valeurs qui leur permettront d’y arriver.
Qui est Champels et quels services offrez-vous en tant que Studio de design spécialisé en secteur hôtelier?
« Champels est une agence créative 100% belge de conception d'hôtels qui propose des concepts hôteliers uniques et indépendants. L'entreprise a été fondée il y a 6 ans par ma mère (Huguette Fraipont) et moi-même (John Gabriel Martin) et nous offrons un service projet clé en main.
Pour nous, l'essentiel est de (re)mettre l'accent sur l’accueil sur toute la durée de l’expérience et pas seulement à l’arrivée dans l’hôtel. D’ailleurs la notion « d’accueil » n’est pas uniquement réservée à l’hôtellerie et cela nous amène aussi sur des projets « non hôteliers », tels que les parcs à thèmes, les casinos ou les bureaux.
En fin de compte, tout est question d'hospitalité. S'assurer que l'expérience visiteur soit parfaite du début à la fin et que les lieux inspirent les gens à vivre des moments uniques. »
Le concept de Champels est unique en son genre. En plus de créer des concepts hôteliers, l'entreprise adopte une approche plus globale.
« En effet, au-delà de la conception et de la réalisation, nous travaillons en collaboration avec ma 2ème entreprise « Cervo Hospitality » sur tout l’aspect stratégique, technologique et l’innovation commerciale. Nous allons jusqu’à définir le programme et le business modèle et accompagnons même certains de nos projets pour la gestion d’ouverture. On aide à répondre à des questions telles que : Comment va-t-il fonctionner ? Quelles expériences recherche le marché cible ? Qu'est-ce qui va générer des revenus ? Comment l'hôtel va-t-il se positionner et comment va-t-il être étiqueté et vendu ?
Ensuite, nous traduisons cette approche stratégique et les besoins du client en un design intérieur spécifique avec Champels. Après avoir défini l'approche et le design, nous nous chargeons de l'aménagement clé en main et du suivi pendant la phase de construction. Nous sommes présents sur les chantiers et nous surveillons les prix des entreprises de construction. En d'autres termes, nous nous assurons que le design soit réussi, mais nous veillons aussi à ce que le projet se déroule dans les délais et ne dépasse pas le budget initial, voire même puisse coûter moins cher, ce qui est bien sûr très apprécié des clients. »
Même si un projet ne peut pas être entièrement responsable sur le plan écologique, il doit au moins avoir un impact positif sur l'environnement et la communauté.
Quelles sont votre vision et vos valeurs en ce qui concerne le secteur hôtelier ?
« Notre ambition est de bousculer le marché et de faire évoluer le secteur de l'hôtellerie vers des approches et des produits locaux, écologiquement et socialement responsables. Pour le moment, il est encore impossible d'être 100 % écoresponsable, mais nous voulons accélérer la transition. Et, même s'il n'est pas totalement écoresponsable, le projet doit au moins avoir un impact positif sur l'environnement et la communauté locale. Par exemple, créer des emplois pour la population locale et dynamiser l'économie locale. C'est quelque chose auquel l'industrie ne pense malheureusement pas toujours.
Par exemple, de nombreux projets belges sont développés et produits par des bureaux d’architecture étrangers et les projets ne génèrent quasi aucune activité pour les fournisseurs belges, pourtant capables d’une qualité exceptionnelle à des prix raisonnables, mais ils ne sont parfois même pas consultés. Cependant, nous essayons de changer cela en nous impliquant le plus tôt possible dans le projet et de travailler efficacement, ce qui permet de limiter les pertes de temps au développement et cela nous permet souvent de libérer du budget pour travailler davantage avec des produits locaux à des prix « à peine » plus chers que la concurrence de l’Est mais de qualité souvent bien supérieure avec un véritable service après-vente.
L'objectif est de doubler le cycle de vie des produits et de réunir des produits et services à proximité.
« L'une de nos promesses est d'essayer d'avoir des produits dont le cycle de vie est doublé, à un prix équitable. En termes de design, nous essayons également de nous détacher des tendances et des effets de mode, de sorte que les produits soient moins sensibles aux changements et puissent durer plus longtemps. Il faut aussi prendre cela en compte dans le prix du produit. Si on paye 35% plus cher à l’investissement mais que le produit dure 2 fois plus longtemps, soit de 8 à 16 ans avant de devoir rénover, l’opérateur et le promoteur sont souvent d’accord d’aller dans ce sens.»
Bien sûr, aucun projet hôtelier n'est viable sans revenus, mais être responsable signifie aussi comprendre qu'on ne peut pas chercher le bénéfice à n'importe quel prix.
Quelles sont les principales évolutions dans le secteur de l'hôtellerie ? Comment les hôtels ont-ils évolué au fil des ans ?
« Il y a eu quelques changements. Pendant de nombreuses années, l'hôtellerie a été un moteur pour l'industrie mondiale. C'est dans les hôtels que les ascenseurs ont fait leur première apparition, tout comme l'électricité. Les hôtels avaient les besoins et la capacité pour cela. Après ces grands bouleversements, l'industrie hôtelière s'est cantonnée dans sa zone de confort et cela fait un moment que les hôtels n'ont pas connu de changements majeurs. En règle générale, à part chez les acteurs haut de gamme comme Six Senses, Aman Resorts et d'autres formidables écocréateurs, les seules incitations mises en œuvre sont l'interdiction des bouteilles en plastique et l'introduction d’affichettes pour encourager la réutilisation des serviettes. Nous voulons aller plus loin. Nous voulons donner une nouvelle dimension à l'efficacité écologique, et ce, dès la planification du projet.
J'ai entendu parler d'un hôtel au Royaume-Uni, dont la direction a pour ambition d'acheter toutes ses fournitures dans un rayon de 80 km. Un sacré défi ! Nous devons procéder étape par étape. Nous cherchons effectivement des sources d'approvisionnement à proximité. Mais s'il n'y en a pas, nous allons voir un peu plus loin. Il est forcément possible de trouver ce que nous cherchons dans un pays limitrophe (France, Allemagne, Hollande…). En attendant, nous essayons de sensibiliser et d'encourager l'écoresponsabilité et nous rallions de plus en plus d'entreprises à notre cause. »
Nous approchons d'un tournant : les matériaux recyclés deviennent plus abordables et leur qualité est parfois même meilleure que celle des matières premières vierges.
Quel sera, à votre avis, l'avenir de l'industrie hôtelière ?
« Même si nous constatons un changement, il faudra encore beaucoup de temps avant que le secteur soit complètement durable. Le plus grand défi est celui des fonds d'investissement qui sont souvent plus rationnels qu'émotionnels. Bien sûr, tous les projets hôteliers sont essentiellement axés sur le rendement, mais être plus responsable signifie aussi comprendre que tout n'est pas qu'une question de profit à tout prix. Bien sûr, faire du profit aura toujours son importance, mais il est encore plus important d'avoir un bon équilibre, spécialement après cette crise sanitaire. Certaines choses sont devenues beaucoup trop bon marché et il n'est pas sain de maintenir des prix aussi bas. Nous finirons par en payer le prix, certains sentent d’ailleurs que c’est déjà le cas. Si on peut ressortir du « positif » de cette crise, c'est que les gens sont désormais plus sensibles aux entreprises durables et ressentent le besoin de faire vivre (et de maintenir en vie) leurs établissements Horeca locaux.
Nous atteignons un point de basculement où les matériaux recyclés sont proposés à des prix plus raisonnables, et sont même parfois de qualité supérieure par rapport à des matières premières nouvelles. Et chez Champels, nous continuons de chercher des façons de bousculer le marché hôtelier de manière positive. Le leasing, par exemple, pourrait être une solution. Certaines entreprises pourraient ne pas apprécier. Le changement suscitera toujours une certaine résistance. Cependant, le concept est déjà présent dans la pratique. Le leasing de panneaux solaires, par exemple, s'est forgé une place sur le marché de l'énergie solaire, et la croissance des contrats de leasing de panneaux solaires est l'une des principales raisons pour lesquelles l'énergie solaire a progressé aussi rapidement. »
Pouvez-vous citer un exemple de projet écoresponsable ?
« Jusqu'à présent, aucun projet n'est 100 % écoresponsable, mais certains projets sont de belles avancées en ce sens. Les entreprises qui savent se montrer flexibles en tireront profit, mais les entreprises plus grandes qui ne peuvent pas s'adapter aussi facilement en souffriront. Sur le plan opérationnel, Martin's Hotels est un bon exemple d'économie circulaire, et ils ont reçu plusieurs certificats et récompenses pour leur approche durable. La politique d'achat donne la priorité aux produits locaux, naturels, recyclés/recyclables et saisonniers, elle encourage les fournisseurs à adhérer au Code de Conduite et vise à minimiser le flux de déchets entrants et à recycler autant que possible les déchets inhérents à l'activité hôtelière. Le Château du Lac de Genval ou le Martin’s Brugge en sont de bons exemples.
L'exemple le plus récent est l'aménagement intérieur de Pairi Daiza Resort, où nous avons travaillé majoritairement avec des fournisseurs et des produits locaux. Toutes les tables sont par exemple fabriquées dans du chêne 100% belge, les lits sont eux aussi belges, et un autre exemple est que la plupart des meubles de la réception ont été réalisés par une entreprise de réinsertion sociale à partir de bois recyclés. »
Quel rôle les sols Tarkett et DESSO jouent-ils dans les projets de Champels ?
« Evidemment, nous cherchions un acteur durable avec une production locale, Tarkett offrait dans ce cadre le profil parfait. Nous sommes vraiment séduits par les initiatives de Tarkett en matière de durabilité avec le programme « Cradle to Cradle ». Concernant plus spécifiquement les tapis DESSO de l’entreprise, pouvoir anticiper le recyclage garanti du tapis en fin de vie est devenu pour nous essentiel au vu de la quantité de tapis que nous installons chaque année… Car encore maintenant trop de tapis terminent dans les décharges sans possibilité de traitement.
Nous avons choisi la moquette DESSO de Tarkett pour un certain nombre de projets. Au Paddling Bear Hotel (B&B à Pairi Daiza), par exemple, deux thèmes différents liés à la Colombie britannique (la plage et la forêt) ont été réunis dans une moquette DESSO Gravure personnalisée. Dans cette moquette, nous avons utilisé intelligemment un motif de couleur spécialement conçu pour marier élégamment ces deux thèmes. Un autre exemple est le Martin's Château du Lac, un hôtel de luxe situé au bord du lac de Genval. Dans ce projet, nous avons intégré différents sols Tarkett et différentes collections de moquettes DESSO pour conférer une finition luxueuse à ce château stylé. Nous avons notamment eu recours à du tapis Tweed, du tapis plain DESSO &Ex et la collection LVT Starfloor Click 55
C’est encourageant de voir que la durabilité fait de plus en plus partie des projets dans le secteur hôtelier. Nous espérons que de plus en plus d'entreprises endosseront leur responsabilité et que l'hôtellerie pourra évoluer vers une industrie plus écologique et socialement responsable.